Freddy Tsimba: un monument pour la paix

Le 24 septembre 2019

Le travail du sculpteur congolais (RDC), Freddy Tsimba, interpelle sur les défis des droits de l’homme en Afrique. Son œuvre monumentale, Porteuse de vies, a été choisie pour célébrer les 70 ans de la déclaration universelle des droits de l’homme au palais de Chaillot à Paris.

Freddy Tsimba est un artiste-sculpteur originaire de la République Démocratique du Congo, né à Kinshasa en 1967. Diplômé des beaux-arts de Kinshasa, reconnu mondialement à travers différents prix et collections internationales, il s’est spécialisé, depuis le milieu des années 1990, dans la récupération des matériaux métalliques et essentiellement de guerre - douilles, chaines, morceaux d’obus et machettes – pour les transformer en œuvres monumentales et faire résonner le conflit au Congo avec les questions d’universalité, de vie et de survie.

Après un processus sélectif à travers le monde c’est Porteuse de vies, son œuvre monumentale, qui fut choisie pour célébrer le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme au Palais de Chaillot à Paris. Porteuse de vies est devenue par la même occasion la première œuvre à enrichir le décor de cette institution depuis 1937.

« De par son engagement, en tant qu’artiste, mais aussi en tant que citoyen, Freddy Tsimba m’a paru un bon choix », justifie Patrick Jeantet, président du manège de Chaillot, fonds français de dotation à l’origine de ce signe fort que constitue la présence de l’œuvre là où fut signée le 10 décembre 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme.

« Qu’est-ce que je peux dire sur cette œuvre ? C’est le cri d’un humain qui clame haut et fort que la vie n’a pas de prix ; que la vie est ici, sur terre, et qu’il faut la préserver », dit Freddy Tsimba au sujet de Porteuse de vies, lors d’un entretien avec la chaîne de radio, France culture.

« De partout, femme noire ou blanche, je rends hommage à ma grand-maman, à ma maman, c'est une femme universelle, qui essaie à sa façon de résister, je me dis toujours qu'en période de troubles, de guerres, ce sont les femmes qui en pâtissent le plus. Et c'est l'occasion pour une fois au moins de parler des droits de la femme. Je dirais même de l'homme, de la femme et des enfants ».

« C’est le corps d’une femme sans tête, car universelle, bras coupé, cuisses trouées, mais debout, avec dans sa main valide, un livre ouvert » précise encore l’artiste plasticien.

Porteuse de vies, c’est 20000 douilles ramassées sur les champs de guerres qui fragilisent et endeuillent la République Démocratique du Congo depuis plus de deux décennies, un corps imposant et culminant à plus de 4 mètres de hauteur portant le savoir - représenté par plus de 4000 clés récupérées dans les rues fracturées de Kinshasa – comme on porte la vie.